(Cet article vous est proposé par Madeleine Julliard, thérapeute. Pour plus d’informations, voir en bas de page!)
Je rencontre de plus en plus des personnes qui alternent quelques fois dans la même journée, des comportements de jeûne en sautant le repas du matin ou de midi, et boulimique le soir en rentrant chez elles. Ou bien elles décident de faire régime et c’est le piège du yoyo.
Les causes du surpoids sont diverses : Elles peuvent être d’abord génétiques, car nous ne sommes pas tous égaux pour brûler nos calories. Il faut accepter son hérédité et apprendre à faire avec, c’est-à-dire gérer au mieux. Il faut aussi admettre les modifications biologiques que l’âge peut imposer, et accepter d’y remédier le mieux possible.
Or, il y a des familles où les disciplines diététiques n’ont jamais été respectées.
Dans tous ces cas il faut d’abord passer en revue tous ces blocages, puis faire des exercices de visualisation en relaxation hypnotique, pour changer de comportement.
Idem pour les personnes travaillant dans un environnement où règne une vie festive perpétuelle, avec bonbons et gâteaux à longueur de journée, il faut apprendre, sous hypnose, à dire non et à résister. Quelques fois c’est tout le personnel du bureau qui devient raisonnable par identification, en constatant les bons résultats.
Mais il y a souvent des causes psychopathologiques, dues à des maltraitances, pendant l’enfance ou l’adolescence, ces personnes compensent pour soulager leurs angoisses et leur culpabilité dues à ces traumas non résolus. La nourriture devient alors une compensation, une addiction, pour gérer les émotions et le stress, ce qui entraîne rapidement de mauvaises habitudes alimentaires, à un tel point que le cerveau ne sait plus donner les signes de la faim, il n’ordonne plus que des pulsions, ce qui les conduit à l’obésité. Dans ces cas-là il est indispensable (en relaxation hypnotique) de rechercher les causes de ce dérèglement alimentaire, de les neutraliser et de reconditionner le cerveau qui gère les réflexes et les pulsions. Et surtout cela passera par : réapprendre à s’aimer.
Car selon le Dr Deepark COPRA : « Il faut cesser de se punir en absorbant des calories qui alimentent un cercle vicieux, car il conduit à la dégradation de l’image de soi et manger davantage pour se consoler. »
Puis il nous explique le fonctionnement du cerveau : « Les parties conscientes du cerveau ont été entraînées à exiger une nourriture dont le cerveau supérieur ne veut pas. Le va et vient entre l’excès de nourriture et les remords ont une contrepartie physiologique. Les hormones qui servent de signaux naturels indiquant que l’on a assouvi sa faim sont soit supprimés, soit contrecarrées par d’autres hormones signalant un appétit insatiable. »
En relaxation hypnotique, les personnes se libèrent des mauvais souvenirs vécus, recadrent leurs menus, et progressivement elles ressentent la différence entre la faim de la tête et la faim naturelle et réelle de l’estomac.
Dans tous les cas, cette rééducation ne doit pas être une période de frustration ni une punition, il faut visualiser, en relaxation, le déroulement des menus d’une journée, cela devient une période de correction qui permet de prendre conscience et de modifier son comportement alimentaire et adopter une alimentation équilibrée, mais à vie. Cette pratique aidera à fixer définitivement cet entraînement dans les neurones.
Cela peut fonctionner à cause de la plasticité de notre cerveau. Toujours selon le Dr DEEPARK COPRA: « Les habitudes sont des sillons mentaux qui dépendent des réseaux cérébraux. Une fois en place, la réaction est automatique. Quand une personne résiste à l’envie de faire des excès, son cerveau « se rappelle » qu’il est censé trop manger, il suit automatiquement et avec force le même sillon. Il faut donc donner à ce cerveau une nouvelle possibilité, ce qui signifie qu’il faut créer de nouveaux réseaux neuronaux […] Il existe de nombreux moyens de concevoir de nouveaux schémas cérébraux. »
La relaxation hypnotique est un de ces moyens, très efficace.
Cependant il faut savoir qu’un changement de poids, même souhaité, peut faire peur « d’être mal dans sa peau, » ce qui est quelquefois la cause de rechute au cours d’un régime classique. Avec la relaxation hypnotique cette angoisse n’apparaît pas, car le contact est permanent avec le schéma corporel qui se transforme peu à peu et cela calme le système nerveux.
Pour les souffrances psychopathologiques il est indispensable de faire une psychothérapie, (en relaxation hypnotique), pour laisser rejaillir, sans effort et sans souffrance, les souvenirs traumatisants de maltraitance, et de les neutraliser. Car si ces personnes maltraitent leurs corps, c’est que dans leur enfance ou l’adolescence elles ont été maltraitées, voir abusées et inconsciemment elles se sentent coupables et se punissent et c’est le cercle vicieux de l’addiction.
L’image du corps
Françoise DOLTO nous éclaire :
« Le schéma corporel n’est pas l’image du corps […] Le schéma corporel est une réalité de fait, il est en quelque sorte notre vivre charnel au contact du monde physique. »
C’est-à-dire que nous l’utilisons depuis notre enfance, pour respirer, nous nourrir, nous mouvoir et aller vers les autres.
C’est ce qui nous définit en tant qu’espèce humaine, en principe nous sommes tous semblables.
Par contre l’image du corps, c’est celle que nous avons dans la tête, cette image est liée à l’histoire de chaque personne, c’est une image ressentie dans notre imaginaire et qui comporte l’opinion que nous avons de nous selon les paroles positives ou négatives que nous avons reçues pendant notre enfance et notre adolescence.
- DOLTO nous dit : « C’est la synthèse vivante de nos expériences émotionnelles interhumaines répétitivement vécues à travers les sensations érogènes électives, archaïques ou actuelles. Elle peut être considérée comme l’incarnation symbolique inconsciente du sujet désirant (ce même avant que le sujet puisse dire « je. »)
J’ai pour exemple une jeune femme en surpoids léger, qui a découvert qu’elle mangeait pour deux, car sa maman avait mis au monde un bébé qui était mort-né neuf mois avant elle, et de plus elle portait le même prénom que lui !
Mais il y a d’autres cas.
Le cas de Chantale
A cinquante ans, en surpoids important, elle cherche les causes des pulsions qui la pousse à grignoter journellement. Au cours d’une séance d’hypnose elle se souvient : enceinte et prête à accoucher, son mari a disparu pendant toute une nuit. Elle lui a promis que lorsqu’elle serait redevenue mince, elle lui rendrait la pareille. Après son accouchement elle est devenue anorexique, son inconscient avait bien mémorisé ! Par la suite elle alterne entre régimes et boulimie.
Le cas de Sidonie
Première rencontre le 28 Septembre :
C’est une jeune fille de vingt trois ans qui a un surpoids conséquent, d’autant plus que dans sa famille, la place de la nourriture est importante, on aime faire la fête. Difficile dans ces conditions de faire régime, ce que Sidonie a essayé mainte fois. Elle ne peut s’empêcher de grignoter, de boire des boissons sucrées, et de ce fait ne sait plus reconnaître la faim de son ventre, elle n’a plus que des pulsions qui la font même lever la nuit !
Après une rupture amoureuse et son ex ami qui a fait une tentative de suicide, elle ne peut plus retrouver sa joie de vive, elle déprime et même ressent une sourde colère en elle.
Comme la confiance en ces techniques est bien acceptée, nous passons à l’exercice qui consiste à visualiser la reprogrammation d’une alimentation équilibrée.
Elle a suivi un régime léger et a perdu deux kilos. De plus, elle a pris du recul par rapport à l’ambiance professionnelle : elle me confie qu’elle ne travaille plus pour se faire aimer ou apprécier davantage, mais elle fait pour le mieux, tout simplement.
De façon virtuelle et intériorisée, en relaxation, je l’aide à régler le problème créé par son ex ami pour la déculpabiliser : résultat : elle ne répond plus à ses mails.
Elle continue son régime et fait de la marche pour accélérer son amaigrissement.
Elle prend congé définitivement en me promettant de me donner de ses nouvelles.
Analyse
Sidonie me confie qu’elle se console avec des sucreries, que cela cache-t-il ?
L’addiction au sucre sur un long terme devient une véritable drogue. Manger sucré n’est plus de la dégustation gourmande, c’est un moyen de compenser les manques, les souffrances et les angoisses du quotidien. Si c’est une source de réconfort, c’est aussi la garantie d’une prise de poids importante.
Ce comportement renvoie aux plaisirs de l’oralité du bébé. Mais si le sevrage a laissé des traces de frustration, il peut être associé à un sentiment d’abandon qui risque de resurgir dans la vie d’adulte, aux moments de changements de la vie ou de rupture amoureuse, qui dans le cas de Sidonie, est aggravé par un sentiment de culpabilité. Elle consomme des mets et des boissons sucrées pour panser ses blessures.
Il y a d’autres difficultés et évènements dans la vie et qui sont causes d’insomnies, d’angoisses, de stress et de colères qui sont plus ou moins exprimées. De plus quelques fois, des relations défectueuses avec les parents ou avec la fratrie, d’où un sentiment d’abandon. Et sans oublier tous les mauvais souvenirs scolaires souvent douloureux.
En relaxation, nous neutralisons tous ces problèmes causes de souffrances et nous visualisons la suppression de toutes ces consolations gourmandes, puis le rééquilibrage des repas.
Le cas de Sabine
Elle a dix sept ans, c’est sa maman qui me contacte car sa fille souffre d’insomnie, d’anorexie et de boulimie, à la suite d’un régime d’amaigrissement. Elle a aussi des maux de ventre et des maux de tête.
D’après mes questions, sa vie familiale est harmonieuse et elle a de bonnes notes en classe.
Pendant le premier entretien, je commence par lui apprendre à se relaxer. Puis elle me dit qu’elle n’a pas confiance en elle.
Nous procédons à l’exercice du souvenir en relaxation hypnotique : « quand j’étais en cinquième, un garçon m’a traitée de grosse baleine, et j’ai perdu un peu de confiance en moi. »
Je l’accompagne, en relaxation, pour neutraliser cet évènement qui est le départ d’un régime inapproprié et de ses pulsions d’anorexie et de boulimie.
Plus tard sa maman me rappelle pour me dire que Sabine a changé, quelle retourne dormir chez ses amies et a retrouvé les activités qu’elle avait délaissées.
À propos
Cette page est extraite du livre « De la sophrologie à l’hypnose » par Madeleine Julliard, thérapeute à Lyon. Vous trouverez les coordonnées complètes de l’auteur sur notre page de thérapeutes.
Bibliographie : Les fabuleux pouvoirs de notre cerveau, Dr Deepark – Edition Guy Trédaniel ; l’Image consciente du corps, Françoise Dolto – Edition du Seuil.