Les probiotiques font-ils maigrir ? À quoi servent les probiotiques ?

Les probiotiques ? On en entend beaucoup parler. Mais connaissez-vous tous leurs bienfaits ? Régulation du transit, stimulation des défenses immunitaires, diminution des réactions allergiques ou même perte de poids, les probiotiques sont sur tous les fronts quand il s’agit de préserver notre santé.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit ainsi un probiotique : c’est un aliment ou un complément qui « contient des micro-organismes vivants qui, ingérés en quantité suffisante, exerce des effets bénéfiques sur la santé de l’hôte ». Ces micro-organismes vivants – qui sont en réalité des levures comme les saccharomycètes ou des bactéries comme les bifidobactéries et les lactobacilles -, se retrouvent dans certains aliments (yaourt, pain au levain, olives, lait fermenté…) ou sous forme de compléments alimentaires. Vous trouverez en trouverez également sur ce site.

Pour jouer un rôle bénéfique sur la santé, ils doivent être présents en quantité suffisante (il faut en ingurgiter plusieurs milliards chaque jour) mais doivent aussi pouvoir survivre à l’acidité de l’estomac.

 

Les probiotiques sont bons pour la santé

Les probiotiques améliorent le transit

Ballonnements, constipation, diarrhée, gaz… les troubles digestifs sont particulièrement fréquents et représentent près des 2/3 des consultations en gastro-entérologie. En outre, 15 à 35 % des adultes souffriraient à un moment ou à un autre de constipation. Souvent bégnine, la constipation n’en reste pas moins difficile à vivre pour celles et ceux qui la subissent. De nombreuses études ont constaté une amélioration nette des problèmes de transit en cas de consommation régulière de probiotiques, notamment en ce qui concerne les Lactobacillus et les bifidobactéries. En cas de diarrhée, qu’elle soit d’origine infectieuse ou générée par la prise d’antibiotiques, les souches de Lactobacillus ou Saccharomyce boulardii ont fait leurs preuves.

 

Les probiotiques boostent le système immunitaire

80% des cellules du système immunitaire se trouvent dans l’intestin. Autant dire que la flore intestinale est plus ou moins directement impliquée dans les systèmes de défense de l’organisme face aux agressions extérieures. D’ailleurs, les études menées sur les animaux confirment le lien entre consommation de probiotiques et immunité. Sur l’homme, les recherches ont établi qu’une consommation de probiotiques diminuait les infections respiratoires et les états grippaux.

 

Les probiotiques restaurent la flore intestinale

La flore intestinale est composée de plusieurs centaines de milliards de micro-organismes. C’est un écosystème unique qui joue un rôle primordial dans l’organisme puisqu’il le protège via le système immunitaire, améliore l’utilisation des nutriments, combat les bactéries pathogènes, stimule la digestion, etc. Mais pour assurer correctement ces rôles, la flore intestinale doit être composée au moins de 60 à 80 % de bonnes bactéries. Or une mauvaise alimentation, un état de stress ou encore la prise d’antibiotique peuvent perturber et déséquilibrer la flore intestinale en diminuant le nombre de bonnes bactéries. Au contraire, une alimentation riche en probiotiques (aliments fermentés par exemple) et une cure de probiotiques en compléments alimentaires permettent de rééquilibrer la flore intestinale, en augmentant le nombre de bonnes bactéries.

 

Les probiotiques permettent de garder la ligne

Il y a quelques années, les scientifiques ont découvert que la composition des bactéries intestinales était différente chez les personnes obèses et chez les personnes de poids normal. Les chercheurs avaient déjà mis en évidence une relation entre microbiote et poids il y a quelques années. Une étude publiée dans la revue Nature en 2006 établissait ainsi que les obèses avaient une flore intestinale plus pauvre que les personnes qui conservaient un poids de forme. Fort de cette découverte, les chercheurs ont alors implanté de “bonnes” bactéries intestinales d’origine humaines dans des souris dépourvues de bactéries intestinales. Les résultats ont alors montré que le poids des souris ayant reçu des bactéries intestinales de personnes de poids moyen ne variait pas. En revanche, ils ont constaté un gain de poids significatif lorsque les bactéries intestinales provenaient d’une personne obèse.

Par ailleurs, des études réalisées lors de transplantations fécales (impliquant un transfert de microbiote intestinale) ont montré que la majorité patients ayant reçu des transplantations fécales avaient tendances à gagner du poids de façon anormale dans les années suivant la greffe. Cela pourrait s’expliquer entre autres par le fait que 40% des américains sont obèses.

Enfin, une étude publiée dans la revue Nature en 2006 établissait ainsi que les obèses avaient une flore intestinale plus pauvre que les personnes qui conservaient un poids de forme. Une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs américains et publiée dans la revue Obesity a montré que la supplémentation en probiotiques permettait de moins grossir, y compris quand on suivait un régime alimentaire gras. D’après les conclusions de cette étude, les probiotiques agiraient comme un brûle-graisses. Quel probiotique minceur choisir ? La souche Lactobacillus gasseri semble être un choix judicieux, car ce probiotique avait permis de diminuer les graisses abdominales des sujets participants à une étude japonaise récente.

 

Les fibres, le carburant de nos bactéries intestinales

Les fibres alimentaires sont des nutriments importants que l’on trouve dans de nombreux aliments, en particulier dans les fruits et les légumes. Elles aident à la formation des selles et peuvent faire baisser les taux de cholestérol et de sucre dans le sang. En effet, les fibres se lient aux molécules de graisse et de sucre en traversant notre tube digestif, ce qui réduit le nombre de calories que nous absorbons réellement. Enfin, elles permettent également à se sentir rassasié plus longtemps. Pour toutes ces raisons on les considère depuis longtemps comme utiles pour réguler le poids.

Cependant, les fibres alimentaires sont difficiles à digérer par l’organisme et c’est là que les bactéries de l’intestin entrent en jeu. Les bactéries intestinales ont en fait besoin de certains types de fibres alimentaires comme source de nourriture. Lorsque les fibres non digérées atteignent le côlon, les bactéries intestinales décomposent les fibres. Il en résulte la production d’hormones, d’acides gras et de calories. C’est pour toutes ces raisons qu’il est important d’avoir une alimentation riche en fibres. On nomme ces fibres alimentaires les “prébiotiques”.

A contrario, un régime pauvre en fibres (pauvre en glucides et riche en protéines et/ou en graisses) réduit le nombre de bonnes bactéries et déséquilibre notre microbiote intestinal;  les bonnes bactéries présentent dans l’intestin n’ayant plus de quoi s’alimenter s’épuisent progressivement, laissant ainsi le champ libre aux mauvaises bactéries.

 

Les probiotiques préservent des infections urinaires

Les infections urinaires féminines, et en particulier les cystites dont souffrent près de 30 % des femmes, sont favorisées lorsque la flore vaginale, qui se comporte comme la flore intestinale, est déséquilibrée. Or, pour rééquilibrer cette dernière, les probiotiques peuvent être une option intéressante. Plusieurs études ont en effet montré que les probiotiques pouvaient améliorer de façon significative la qualité de la flore vaginale et ainsi prévenir les cystites et limiter les récidives.

 

Les probiotiques limitent les risques d’allergies

Les allergies touchent de plus en plus de Français. Qu’elles soient cutanées (eczéma, dermatite atopique…) ou ORL (rhinite allergique) ces allergies sont la conséquence d’une réaction inappropriée du système immunitaire. Depuis quelques années, les chercheurs se sont penchés sur l’intérêt des probiotiques en cas d’allergies et les résultats sont plus que prometteurs. Il semblerait en effet que certains probiotiques (Bifidobacterium lactis et Lactobacillus paracasei en cas de rhinite allergique et Lactobacillus rhamnosus et Lactobacillus fermentum en cas d’allergie cutanée) diminuent l’inflammation générée par la réaction allergique. Résultat ? Les symptômes de l’allergie sont globalement diminués en cas de supplémentation en probiotiques, les récidives sont aussi moins nombreuses.

 

Les probiotiques aident-ils à soulager les troubles digestifs ?

Les défenseurs des probiotiques avancent depuis des années que ces micro-organismes agissent de manière positive contre les troubles de la digestion. Les probiotiques seraient particulièrement efficaces pour soulager les troubles gastro-intestinaux comme le syndrome du côlon irritable et l’infection à Helicobacter pylori. Certaines souches de probiotiques contribueraient aussi à l’élimination de bactéries comme le Clostridium difficile. Ces conclusions reposent sur des études scientifiques réalisées par des chercheurs différents.

Une étude de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal prouve, par exemple, l’existence de deux souches de probiotiques particulièrement actives contre le Clostridium difficile. Cette observation scientifique a été effectuée auprès de 89 patients souffrant de troubles digestifs en lien avec la bactérie Clostridium difficile. Le groupe a été scindé en deux catégories. La première a bénéficié de soins médicamenteux normaux, sans suppléments alimentaires à base de probiotiques. La seconde catégorie a suivi un traitement normal, enrichi avec des yaourts contenant des souches de probiotiques Lactobacillus casei CL 1285 et Lactobacillus acidophilus. Les patients du second groupe ont vu le taux de Clostridium difficile dans leur organisme baisser rapidement. Ils sont sortis de l’hôpital en moyenne deux jours plus tôt que les membres du premier groupe.

Une revue d’études randomisées d’avant 2009 montre aussi l’effet positif des produits laitiers fermentés contenant des probiotiques en grande quantité sur les personnes infectées par la bactérie Helicobacter pylori. Ces études, qui ont mobilisé 963 enfants et adultes, ont démontré que les produits enrichis en probiotiques réduisent d’environ 5 à 15 % le taux d’infection à Helicobacter pylori. Les médecins en ont conclu que les personnes touchées par cette bactérie peuvent rétablir l’équilibre de leur flore intestinale et renforcer leur immunité humorale en consommant régulièrement des produits laitiers enrichis en probiotiques.

D’autres essais cliniques ont prouvé l’efficacité des probiotiques contre le syndrome du côlon irritable, les maladies inflammatoires de l’intestin et la constipation.

 

Les probiotiques sont-ils présents dans tous les aliments ?

Certains pensent à tort que tous les aliments contiennent naturellement des souches de probiotiques. Les chercheurs ont pourtant démontré à de nombreuses reprises que rares sont les aliments qui abritent un probiotique naturel. De nombreuses expériences ont démontré que les probiotiques prolifèrent surtout dans des aliments fermentés dont le processus n’inclut pas de cuisson, de clarification ou de torréfaction. Le pain, la bière et le café sont donc peu propices au développement de probiotiques, même si ces aliments résultent d’un processus de fermentation.

Les probiotiques sont donc présents essentiellement dans des aliments fermentés comme les fromages et surtout les yaourts. Ces derniers abritent en leur sein d’importantes concentrations de Lactobacillus bulgaricus et de Streptococcus thermophilus. Les propriétés et les bienfaits de ces bactéries ainsi que d’autres souches de probiotiques sont détaillés dans un rapport de la FAO et de l’OMS datant de 2001.

Outre les produits laitiers fermentés, les industriels de l’agroalimentaire commercialisent aussi d’autres aliments supplémentés en probiotiques. En Amérique du Nord, par exemple, des jus de fruits, des muffins, des barres chocolatées, des céréales et des crèmes glacées sont enrichis de souches encapsulées de probiotiques.

 

Faut-il consommer régulièrement des probiotiques pour profiter de leurs bienfaits sur la santé ?

La réponse à la question ci-dessus est : oui. Les bienfaits des probiotiques sont visibles lorsque ces micro-organismes sont présents en quantité suffisante dans le corps. Le déroulement même des études ayant attesté l’efficacité des probiotiques prouve l’efficacité de ces micro-organismes à partir d’une certaine dose seulement.

Une revue d’études randomisées datant de 2005 sur le traitement de la constipation par les probiotiques fait ainsi apparaître une période de consommation allant de deux à douze semaines. L’efficacité des probiotiques – Bifidobacterium lactis DN-173 010, L. casei Shirota, L. rhamnosus GG et Lactobacillus casei rhamnosus Lcr35 – a atteint un niveau satisfaisant en moyenne après 8 semaines de traitement. Pendant cette période, les patients ont reçu un dosage de 800 millions à 2,5 milliards de bactéries vivantes par jour.

Les chercheurs insistent néanmoins sur l’importance de bien choisir les probiotiques à consommer en fonction des troubles à soulager. Certaines souches agissent mieux contre la constipation et les troubles digestifs, tandis que d’autres souches sont plus efficaces contre d’autres bactéries. Aussi, une étude menée conjointement par des professeurs de l’université de Laval, de TransBioTech et de l’INAF en 2006 fait apparaître une dose limite au-dessous de laquelle les souches de probiotiques perdent de leur efficacité. Ce seuil limite est de 1 million à 10 millions de micro-organismes vivants dans un gramme de contenu intestinal. Les probiotiques expriment mieux leurs activités métaboliques au-delà de cette concentration.

Pour les consommateurs, cela signifie qu’une prise régulière de probiotiques – et en quantité suffisante – est recommandée pour bénéficier pleinement des vertus de ces micro-organismes sur la santé.

 

Les probiotiques en complément alimentaire sont-ils tous bénéfiques pour la santé ?

Les probiotiques commercialisés sur le marché n’ont pas tous la même efficacité. Les dizaines d’études effectuées jusqu’alors ont confirmé les bienfaits de certaines souches telles que les bactéries Lactobacillus bulgaricus et Streptococcus thermophilus qui sont ainsi connues pour leur action bénéfique contre les troubles de digestion du lactose. D’autres souches agissent mieux contre les gastro-entérites, la maladie de Crohn et les diarrhées liées aux antibiotiques. Les bienfaits des probiotiques dans les aliments dépendent donc en bonne partie des souches utilisées et de la concentration des micro-organismes encore vivants dans ces produits.

Grâce aux nombreuses recherches menées sur la question, les laboratoires ont réussi à élaborer un processus révolutionnaire de fabrication de comprimés de probiotiques. Autrefois, la production de capsules et gélules de probiotiques tuait une bonne partie des micro-organismes vivants, ces derniers étant soumis à de fortes pressions et à des températures pouvant atteindre 50 °C.

La nouvelle méthode adoptée par les fabricants de comprimés de probiotiques est toute différente. Elle met en œuvre des protections spécifiques – les fameux enrobages entériques – qui protègent les probiotiques. Comme le montre un essai clinique intitulé « Gastrointestinal survival of bacteria in commercial probiotic products », ces capsules renforcées affichent une résistance supérieure aux espérances. Les probiotiques contenus dans ces comprimés résistent merveilleusement contre la digestion gastrique à un pH de 1,5. Les résultats prouvent que les capsules ayant un enrobage entérique conservent très bien les micro-organismes vivants jusqu’aux intestins.

La seule et unique question qui importe est donc : faut-il prendre ou non des probiotiques en complément alimentaire ? La réponse du professeur Philippe Marteau, gastro-entérologue qui exerce à l’hôpital Georges-Pompidou, est sans détour : oui, tout le monde peut prendre des probiotiques. À condition, bien sûr, de choisir les aliments qui contiennent les bonnes souches et de bénéficier ainsi d’une efficacité optimale.


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